AVEL TEZ Bateau accompagnateur de la Pornichet Sélect
Lundi 6 mai 2024, 2h du matin, Avel Tez, au large de l’Ile d’Yeu
- AeroSud Sailor, Aerosud Sailor, to Avel Tez, Bateau accompagnateur de la Pornichet Select, do you copy?
- “...” / Silence
- AeroSud Sailor, Aerosud Sailor, to Avel Tez, Bateau accompagnateur de la Pornichet Select, do you copy ?
Cramponné à la VHF, je répète inlassablement le message sur demande de la direction de course... la situation de ce bateau est inquiétante. Immobile ou dérivant légèrement depuis quelques heures, l’embarcation se rapproche dangereusement des rochers à l’Ouest de l’ile d’Yeu...
Que fait-on ?
En relevant ses coordonnées GPS, puis les nôtres, nous évaluons que nous sommes l’un l’autre à 30 minutes de navigation. Oui mais à quoi bon aller le chercher dans les rochers ? Ce n’est pas notre rôle de jouer aux sauveteurs en mer. Nous devons simplement essayer d’établir un contact avec les concurrents via la VHF, évaluer la situation et la relayer à la direction de course via notre téléphone satellite.
La situation est critique, en l’absence de réponse nous envoyons donc à la direction de course via le tel satellite un SMS (Short Message Service) :
“ Malgré plusieurs appels répétés via la VHF, pas de réponse de 9085“ (9085 = AeroSud Sailor)"
L’étape suivante, en l’absence de réponse sera d’envoyer les secours... A cette heure ? A cet endroit ?
Soudain la VHF crachotte :
- “AeroSudSailor, AeroSudSailor to Cheval Blanc do you copy?”
Un autre concurrent, informé de la situation, relaye également le message.
Et dans le silence de la nuit :
- “Cheoual Blanc, Cheoual Blanc, to AeroSudSailor, Je voou ‘eçois. A voou.”'
Ouf. Un énième message VHF a fait réagir notre Aero Sailor anglophone du jour. L’histoire ne dira pas : 1. Pourquoi il ne recevait pas nos messages ; 2 Comment Cheval Blanc l’a réveillé. Toujours est-il qu’il s’en suit une discussion entre les deux concurrents et qu’il semble bien que cet Astronauts fût dans une mauvaise passe. Il semble même avoir eu de la chance pour s’en sortir aussi bien.
2h30 du matin
AeroSudSailor et Cheval Blanc ont repris leur route et réintègrent la flotte de cette Pornichet Select.
La flotte ? Près de 100 concurrents (20 protos et 75 de séries) sur des Mini 6.50, en solitaire (une première pour la plupart d’entre eux). Sans assistance électronique : uniquement une VHF, un AIS et un écran GPS. Embarqués pour 230 Milles : en partant de Pornichet, jusqu’à la baie de Quiberon, puis redescendant jusqu’à une marque spéciale au large d’Oléron et devant remonter ensuite jusqu’à Pornichet.
Et nous ? Nous sommes un équipage de 6 personnes : 2 chefs de Bords, 2 Aspirants Niveau 4 et 2 chefs de Quart ou équipiers confirmés.
Un bel équipage sur le papier, bien motivé pour ce super challenge mais aussi conscient qu’il ne s’engage pas sur un week-end croisière tranquille. Car nous ne sommes pas sur un week-end CMN classique. Nous sommes sur la Pornichet Select. Et en tant que bateau accompagnateur nous devons suivre la flotte, sur la partie sud du parcours et en respectant les indications transmises par la direction de course.
Et, dans une mer formée avec une houle de 2 mètres, parfois plus, et un itinéraire qui change toutes les 2 heures, nécessitant une concentration permanente, il ne faut pas manquer d’énergie.
La route ?
Depuis que nous sommes partis, il y a 36 heures, celle-ci n’a fait que changer.
Nous étions très fiers et très enjoués d’être le bateau viseur sur la ligne de départ dans la baie de la Baule. Nous trouvions ça même excitant. Mais, s'il était initialement prévu que nous ne naviguions qu’entre Noirmoutier, l’Ile d’Yeu et éventuellement jusqu’aux Sables-d'Olonne, la météo étant capricieuse (comprenez : les conditions étant trop difficiles sur le nord du parcours), la course est décalée vers le sud et nous conduit... jusqu’à Oléron !
Prêts pour le départ !
Crédits photos : Manon Le Guen & Jean-Baptiste d'Enquin / Offshore Social Club
Nous voilà donc à voguer, par un vent de force 2 à 3 et variant à 4/5 puis montant jusqu’à 6 voire 7 parfois sous le soleil, souvent sous la pluie au cap 180, puis 270, puis 90, puis de nouveau 180... pour rester au contact de la flotte.
La nuit tombe
Nous réalisons ainsi que nous sommes bel et bien au milieu du peloton. Entourés de lumières rouges, blanches, selon les localisations respectives des bateaux. C’est beau, c’est un calme relatif. La mer est moins agitée. Mais un concurrent solitaire a vite fait de nous couper la route pour optimiser sa navigation, ou de nous rattraper et nous dépasser en passant très près. C’est une compétition.
Certains d’entre eux après s’être assurés que la route était claire en profitent pour se reposer en gardant le cap... se donnant ainsi des airs de bateaux fantômes...
Sur Avel Tez, l’ambiance est studieuse.
Surveiller la navigation et les bateaux autour...
Mais la situation de l’équipage est fragile :
Enchaîner les quarts, en permanence ré-analyser la route, surveiller les messages reçus par la direction de course...
La Fatigue, le Froid (avec beaucoup de pluie notamment), mettent les organismes à rude épreuve.
Les estomacs commencent à ne plus être au top.
Un premier équipier se penche par dessus bord et ça va mieux...
Un deuxième (moi)...
Un troisième...
Il n’y aura pas de comptabilité officielle, mais votre conteur a passé pas mal de temps allongé sur sa bannette...
Une discussion aura même lieu avec le chef de bord pour étudier la dépose anticipée du plus malade (le même) sur la terre ferme.
Dans la réflexion, l’un des équipiers le plus en forme glisse discrètement au chef de bord : “ Réfléchit bien, si on fixe une amarre dans un port, ils risquent de tous se barrer !”
Le lundi matin, la forme revient progressivement.
Gestion des Quarts en fonction de l’état de forme des équipiers... Entre parenthèse, un volontaire pour assurer le renfort, finalement le titulaire est de retour...
Entre temps, il y aura eu un moment de grâce, sous forme d’apéro flash, entre 2 averses et devant les côtes de l’Ile de Ré !
Ça y est le directeur de course nous a donné son accord pour remonter définitivement vers le nord ! Le moral des troupes est définitivement au beau fixe.
Comme une dernière épreuve, le vent continue de monter. Des rafales à 30 Nœuds sont prévues.
La GV est affalée, seul le Foc reste de sortie. Le moteur est lancé pour assurer.
Bien que l’équipage sente l’écurie, un dernier message de la direction de course :
“3087 ne va pas dans la bonne direction. Pouvez-vous le contacter ?”
Nous obtenons le retour rapide de 3087. Par prudence, il a préféré tirer un bord supplémentaire pour laisser passer un grain avant de rentrer dans la baie de Pornichet et franchir la ligne d’arrivée.
Retour sur la terre ferme
Débrief avec la direction de course. Bien que nous ayons l’impression d’avoir été d’une faible utilité, Gregory, le directeur de course nous remercie chaleureusement pour la continuité avec laquelle le CMN a pu assurer la communication. Le bateau affecté à la zone nord a eu une avarie (casier pris dans le sail drive) et a dû rentrer. Un autre bateau a pu venir en appui mais ne disposant pas de téléphone satellite, la communication était plus compliquée.
Nous pouvons enfin apprécier un bon repas tous ensemble et prendre un peu de repos.
Le lendemain et sous un beau soleil nous reprenons plus tranquillement notre route vers le Crouesty, non sans quelques dernières surprises, dont la perche IOR (kit de repérage de l’homme à la mer) qui se désolidarise soudainement du bateau et tombe à l’eau...
Et voici un bel exercice d’HLM pour l'équipage : réussi du premier coup !
Rentrée au bercail sous un grand soleil, un peu de vent, très peu de mer.
La récompense !
Nous posons ainsi fièrement avec nos beaux polos Pornichet Select offerts par l’organisation de course.
Bravo à tout l’équipage, particulièrement aux chefs de Bords qui ont pris une grosse responsabilité et ont assuré grâve (comme d’habitude).
Merci à la Pornichet Select pour nous avoir fait confiance.
Au final une très belle expérience.
Très éprouvante, (sur les 48 heures de course j’en ai passé presque la moitié au fond du bateau à gérer la nausée) mais très formatrice sur :
- Gestion et organisation de l’équipage (Organisation en quarts, Répartition des rôles, Gestion des états physiques de chacun...)
- Localisation sur la carte de son propre bateau et des autres bateaux
- Utilisation de la VHF
- Gestion et maîtrise de soi dans des conditions difficiles
- Gestion du bateau (Batteries, moteur, voile...)
Et surtout, surtout, ces merveilleux couchers de soleil !!!
Vidéo live du départ au cours de laquelle apparaît fièrement Avel Tez comme bateau cible sur la ligne de départ :
Et bien sûr nos héros de ce Week-End :
De gauche à droite : Alexandre, Damien, Edouard, Nolwenn, Sylvanie, Jean-Paul
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